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Liudmila Ménager, Artiste-Peintre, Illustratrice, Auteure

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Liudmila Ménager avec ses oeuvres

4 Nadine Goloubinoff et Liudmila Ménager 17 oct

 Liudmila Ménager et Nadine Goloubinoff

 

 Découvrez l'interview de Nadine Gouloubinoff, fille de la romancière française Ann Golon, auteure de la série des Angéliques

 

Faire rêver les gens. 100e anniversaire d'Ann Golon

         Il y a vingt ans, au tout début du nouveau millénaire, étant très jeune,  je lisais avec enthousiasme le roman légendaire de la belle Angélique aux cheveux d’or. Mon dévouement à l’histoire préférée depuis l’enfance de la comtesse de Peyrac a une fois complètement changé ma vie. En conséquence, cela a finalement déterminé mon destin d’artiste en France. Aurais-je pu prévoir alors qu'en 2013, je commencerais ma vie à l'étranger à zéro, et que 4 ans plus tard, en 2017, lors d'une exposition à Cannes, le portrait avec la Marquise des Anges m'apporterait le succès et la première reconnaissance du jury. Déjà à Versailles, le destin me permettra de rencontrer la fille de l'auteure de la célèbre saga Anne Golon, Nadine Goloubinoff ! En retenant mon souffle, j'apprends de première main les faits étonnants de la vie de l'écrivaine. Ayant reçu une opportunité inestimable de toucher le monde d'Angélique dans la source originale, je constate avec une agréable surprise que nous avons beaucoup en commun : l'un des contes de fées préférés d'Ann Golon était le conte de la Belle et la Bête ...

  Cette année a été spéciale pour la famille de la grande écrivaine française, qui a conquis le monde au milieu du XXe siècle avec une série de romans historiques  sur l'aristocrate et aventurière Angélique de Sancé de Monteloup. Dans les années cinquante lointaines, ce livre, où le personnage principal, une femme entreprenante et à l’esprit  libre, trouvait indépendamment  les moyens de surmonter les difficultés  de la vie, subissant parfois de terribles épreuves, fut une véritable percée pour son époque. Aujourd’hui c’est compliqué d’imaginer, que même en  France libérale, les droits des femmes étaient peu différents des droits des enfants. Ann Golon aurait eu 100 ans le 17 décembre 2021, elle a quitté ce monde en 2017 à Versailles à l'âge de 95 ans.

   Mon propre exemple de combat pour le droit d'être moi-même confirme à quel point il est important de faire rêver les gens, de les faire voyager à travers des mondes imaginaires à travers la littérature et l'art. Pendant la journée je m'adaptais dans un nouveau pays, et la nuit je rêvais à l'idée de créer des portraits de mes personnages préférés. Bien des années plus tard, ayant trouvé ma nouvelle maison au bout du monde, je peignis leurs portraits, inspirée par des images cinématographiques de Michèle Mercier et Robert Hossein.

Mon premier tableau a été peint alors que j'avais moi-même besoin de soutien et de foi en ma capacité de réaliser mes vœux les plus chers, de devenir écrivaine et illustratrice, créant des livres de A à Z. Puis soudain je reçois une invitation à les exposer lors d'un événement au Casino Palm Beach à Cannes lors du 70 ème festival du film en 2017, et après un succès fracassant  lors du vernissage je reçois le Prix du Jury pour ma peinture avec la Marquise des Anges ! L'histoire d'Angélique est devenue une source d'inspiration pour moi, m'a remplie d'énergie vitale, et les incroyables aventures, chutes et hauts d'Angélique ont confirmé que rien n'est impossible.

La deuxième peinture a été créée en parallèle d'un travail intensif sur le projet culturel "Princesse et la Bête : Le miroir de la Vérité", et j'ai senti que j'avais besoin de plus en plus de personnages réels de la vie qui pourraient "ancrer" l'image éphémère d'Angélique, apportant le rapprochement des réalités contemporaines. C’est ainsi que  j’ai créé un monde de conte de fées, basé sur l'histoire de la vie d'une femme exceptionnelle, la princesse Bagration Karina, scientifique et défenseuse des droits de l'homme, qui à son image et à sa nature multiforme me rappelait beaucoup Angélique. Lorsque je travaillais sur le triptyque dédié à l’univers d’Angélique, Karina m'a envoyé des photos de Robert Hossein, avec qui elle a eu l'occasion de discuter pendant le Festival de Cannes. Plus tard, elle a, comme moi, rencontré Nadine Goloubinoff par les réseaux sociaux. Ma troisième toile récente a été créée à la suite d’échange avec Nadine et avec son soutien amical. Ici, je me suis déjà inspirée des images de plusieurs femmes, en conséquence, le résultat est une sorte de symbiose d'une noble russe et d'une aristocrate française de l'époque de Louis XIV, une femme qui a réussi à surmonter toutes les difficultés, à garder son amour, à devenir plus forte que le destin et finalement à gagner.

Nadine Goloubinoff, que j'ai  rencontrée à Versailles au (futur) musée d’Angélique, m'a montré les lieux uniques où Anne Golon a eu l'idée de créer un roman sur la Marquise des Anges. Dans son interview, elle a partagé l'histoire de la vie de ses parents, son père Vsevolod Goloubinoff a été un  émigré russe (à la révolution) pour qui, comme pour moi, la France est devenue la deuxième patrie, et des faits inconnus sur la création du roman. Scénariste, compositrice, Nadine Goloubinoff a travaillé avec sa célèbre mère depuis ces dernières trente années notamment dans son combat judicaire pour récupérer ses droits d'auteur sur l’œuvre Angélique. Actuellement, elle est agent littéraire, gérante de la société « Angelique Company » qui, avec ses frères et sœurs, gère la préservation et l’exploitation de l’œuvre Angélique d’Anne Golon et toutes les œuvres littéraires ou picturales d’Anne Golon et de Serge Golon.

  

Liudmila Ménager : Nadine, parlez-nous de l’Univers d'Angélique, créé par la romancière célèbre française Anne Golon, combien de romans ont été écrits au total, y a-t-il des manuscrits inachevés, qu'est-ce qui a été réalisé d'autre au fil des années depuis l’édition des premiers livres?

Nadine Goloubinoff : - de 1942 à 1946, ma mère a écrit 6 livres, dont 4 publiés (sous le nom de Joëlle Danterne)

Au Pays de derrière mes yeux

Le Caillou d’Or

Master Kouki

La Patrouille des Saints Innocents

2 scénarii pour le cinéma, Nouvelles et articles

-De 1948 à 1952 : 3 livres sur l’Afrique dont 1 publié : Alerte au Tchad (Joëlle Danterne), et 4 avec mon père -sur les mémoires de celui-ci-, dont 2 publiés : Les Géants du Lac, Le cœur des Bêtes 1

Scénarri de bandes-dessinées historiques « Destins hors-série » (publiés)

-De 1960 à 1991 (en plus des Angélique) : 2 livres, dont 1 (sur une affaire d’erreur judiciaire célèbre des années 60) publié : Ma Vérité (sous le nom de Linda Baud)

- Livres Angélique : 13 en version d’origine, 20 en version complétée

Réflexions, articles, mémoires, scénarii

 

LM : y a-t-il des manuscrits inachevés ?

NG : -Le dernier tome de l’histoire d’Angélique.

 

LM : Dans la plupart des œuvres littéraires il y a des prototypes des personnages principaux, souvent entièrement ou partiellement basés sur des événements réels, des émotions vécues par certaines personnes. Est-il vrai qu'en créant les personnages d'Angélique et de Joffrey de Peyrac, en les plaçant dans certaines circonstances, qui voyageaient dans des endroits inattendus, Anne Golon s'est inspirée par sa propre incroyable histoire d'amour et de vie avec Vsevolod Golubinoff, votre père ?

NG : -Oui, car elle s’est aussi inspiré de sa vie, de leur vie de couple et de parents, et des personnes rencontrées et situations vécues. Elle a pu témoigner de la réalité de l’amour par la rencontre d’un homme extraordinaire.

Ma mère disait souvent qu’elle n’aurait pu écrire l’amour d’Angélique et Joffrey de Peyrac, si elle n’avait pas rencontré notre père.

« Toutes les expériences servent dans mon métier. Toutes, de tous les âges m'ont servie pour Angélique. On est forcé de mettre de sa vie, sinon, on resterait à distance, ce ne serait pas pareil... mais je ne veux pas dire non plus que c'est ma vie. »

Anne Golon

 

LM : Parlez-nous de parcours de l'écrivain Anne Golon.

NG : -Ma mère a écrit depuis l’âge de 7 ans, nouvelles, romans d’aventure, romans historiques. Son imagination était prodigieuse dès sa petite enfance. Etant souvent malade, elle a beaucoup vécu dans son imagination.

Son premier livre « Au Pays de Derrière mes yeux », mémoires de son enfance, est paru en 1942 sous son premier pseudonyme : Joëlle Danterne. Ses prochains livres –romans d’aventure et de voyage- ont connu le succès, dont Master Kouki, qui fut un bestseller chez les jeunes. Elle écrit articles, nouvelles, scenarii, fonde un magazine. Lauréate en 1947 d’un grand prix littéraire (du roman d’aventure) pour « La Patrouille des Sains Innocents », elle part en Afrique en reporter free-lance.

1948 à 1952- elle écrit quelques livres sur l’Afrique, dont « Alerte au Tchad », publié en 1952 ; et co-écrit avec mon père des articles et souvenirs de celui-ci, publiés sous le nom de Serge Golon et d’Anne et Serge Golon.

Elle commence ensuite le premier livre d’Angélique, aidée de mon père pour la documentation.

Nous avons toujours connu notre mère en train d’écrire. Et quand dans ses derniers jours elle ne l’a plus pu, physiquement, elle continuait son travail dans sa tête, en imaginant des passages de la suite d’Angélique.

En plus d’être un écrivain extraordinaire, elle était aussi une conteuse et a enchanté notre enfance des histoires qu’elle nous inventait au fur et à mesure.

Anne Golon n’était pas un auteur retiré du monde, mais une femme dans la vie, et une lectrice aussi. « …  je ne pense qu'aux lecteurs quand j'écris. C'est eux qui sont importants. Mais le talent ne s'apprend pas. C'est un don. Il faut remercier le Ciel, un point c'est tout.

 

LM : Quel est le message principal de l’ouvrage sur Angélique, à qui s'adresse-t-elle ?

NG : Son thème principal sans qu’elle en prit conscience au départ, fut de dénoncer l’ostracisme, le fanatisme, l’obscurantisme ; de ne pas laisser gagner ceux qu’elle nommait « les destructeurs du bonheur sur terre ».

« - Vous me faites grief du sang répandu par mes ordres. Mais celui répandu au nom de Dieu est-il moins rouge, moins criminel ? » (Angélique se Révolte)

Et témoigner de l’existence de l’amour, de la force divine. Donner l’espoir qu’on peut s’en sortir (des maladies, guerres, oppressions diverses…) ; ne jamais renoncer à son âme ; vivre sa vie et l’amour sans se rendre aux diktats sociétaux et religieux (sauf évidemment si l’on risque la mort…) La liberté intérieure.

 

 

LM : A qui s'adresse-t-elle ?

NG : -A tous : de 12 à 100 ans, de toutes classes, religions, nationalités, de toutes cultures, de tous niveaux  

 

LM :  Comment voyez-vous l'image de l'héroïne du lointain XVIIe siècle et quelle est son importance dans le monde contemporain en évolution rapide ? (* abordez également le sujet de sa propre lutte pour les droits d’auteure, etc.)

NG : Angélique est complètement actuelle. Elle est dans toutes les héroïnes de notre siècle, qui réussissent à sauver leurs enfants des massacreurs ‘rebelles’, à survivent aux pires épreuves, à rendre la vie belle quelques fois, même en vivant en recluses, en proies d’hommes qui n’en sont pas et qui au nom de Dieu, de la coutume, de la tradition, veulent répandre sur terre le règne du sang, de la terreur, et surtout de la bêtise, cause de tout.

« La bêtise est le pire fléau de l’humanité » ; cette phrase de mon père, une journaliste l’avait mise en titre de son article sur Anne et Serge Golon.

Les femmes qui sont aujourd’hui dans les prisons de Kabul avec leurs bébés, emprisonnées par les Talibans parce qu’elles ont choisi leur fiancé ou mal mis leurs prisons de toile, qui crèvent de souffrances en attendant leurs exécutions, celles qui manifestent au-dehors, sont des Angélique. L’œuvre Angélique est pour elles et pour tous les hommes dotés de cœur et d’intelligence du monde. C’est un phare dans la nuit, une fenêtre ouverte.

« Paix aux hommes de bonne volonté » était la maxime d’Anne Golon.

Son message est on ne peut plus actuel et indispensable, plus même qu’en 1956 : Lutter contre le fanatisme de toutes formes et religions, ne pas laisser la marée des tueurs envahir la terre ; donner l’espoir que l’on peut échapper au pire ; témoigner du bonheur, et la certitude que Dieu (le vrai, pas l’idole des massacreurs) est le plus fort.

Dans des domaines moins tragiques, Anne Golon a lutté comme Angélique, non tant pour elle-même que pour la justice. Ainsi pendant douze ans contre des groupes géants pour, à travers sa cause, faire respecter le droit des auteurs. « Beaucoup d'auteurs sont maltraités. Beaucoup de gens sont trompés et manipulés à leur insu. Quand on s'en rend compte, il faut se battre. » AG

Le ministre de la culture Frédéric Mitterrand lui a rendu hommage à ce sujet en lui remettant l’insigne de Chevalier des Arts et des Lettes  

« Cette décoration, chère Anne Golon, c’est aussi une
réparation car je sais le combat en justice qui a été le vôtre auprès de vos
agents et de vos éditeurs pour faire respecter vos droits. Ces combats en
faveur des auteurs, vous le savez, je les fais miens dans tous les domaines
artistiques, confrontés aujourd’hui à la question du téléchargement et de la
reproduction illégale sur internet.
 »            Frédéric Mitterrand 2010

« En avant ! » était la phrase de notre mère dans ses dernières années.

 

 

LM : A l’époque, Grace Kelly Princesse de Monaco et la légendaire star du cinéma d’Hollywood du milieu du siècle précédent rêvait de jouer le rôle d'Angélique avec Robert Hossein? (*plus autres faits)

NG : -Grace Kelly l’a raconté plus tard (dans les années 80) après avoir vu les films. Mais elle n’aurait pu jouer Angélique, étant déjà princesse de Monaco en 1962. 

Par contre, le rôle a été proposé à Brigitte Bardot, Marina Vlady, qui ont plus tard exprimé leur regret de l’avoir refusé.  

 

LM : Qu'est-ce qu'Anne Golon  ressentait à l’égard de son héroïne ? Pouvez-vous donner un exemple des citations les plus essentielles où elle a mis une signification particulière et qui pourraient être appréciées aujourd’hui? (les avis positifs des critiques peuvent être cités ici)

NG : - « Elle m'accompagne. C'est quelqu'un que je connais. Une amie. 
Je ne trouve pas qu'elle me ressemble tellement. Mais forcément, on s'entend. Je n'aurais pas pu vivre aussi longtemps avec quelqu'un qui ne me correspond pas.
 »

AG (extrait d’un interview de 2011)

 

LM : Prévoyez-vous d'organiser des événements dédiés au centenaire d'Anne Golon, quand et où exactement ? Comment pourrait-on y accéder?

NG : - Un à Paris à la Maison de la Science et de la Culture de Russie (je n’ai pas encore les dates), un gala à Versailles au printemps *, (le centenaire d'Anne Golon peut être célébré toute l’année 2022) où serons bien-sûr invités les personnalités russes en France.

Un à Moscou le 17 décembre, organisé par Mme Svetlana, Savitskaya.

 

LM :  Nadine, vous avez hérité des talents de vos parents, vous avez travaillé dans plusieurs domaines d'art, ….

NG : -Nous avons tous les quatre hérité du talent de l’écriture. J’ai eu la chance d’avoir des dons en d’autres arts ; celui de la composition est le plus miraculeux

 

 

LM : …parlez-nous de vous, c'est désormais vous qui vous occupez de la préservation de l'héritage littéraire de votre mère ?

NG : -Oui, avec et pour mes frères et sœurs. Comme c’est ce que j’ai fait auprès de ma mère depuis 1991, je continue. C’est ma mission et mon honneur de perpétuer le souvenir d’Anne Golon, de maintenir son œuvre vivante et présente dans le monde pour de nouveaux lecteurs. Je veux aussi faire connaître l’œuvre de notre père (Serge Golon/ Vsevolod Sergeivitch Goloubinoff) qui fut un grand peintre, qui inventa des couleurs changeant avec la lumière. Une exposition est prévue à Moscou, en 2023.

LM :  Où et dans quelles circonstances est née l'idée de créer l'un des romans les plus réussis, qui ne laisse toujours pas indifférent un nombre impressionnant de lecteurs à travers le monde ?

NG : Anne Golon voulait depuis quelques temps écrire un grand roman historique - elle était depuis toujours passionnée par l’Histoire-, où elle pourrait exprimer ce qu’elle sentait nécessaire d’aborder pour le public, comme pour elle-même. "Un roman qui n'a peur de rien !"

« Je recherchais un personnage pour comprendre ce dont on souffrait : le manque de sentiment, que l'on avait en ce temps-là, peut-être parce qu'on était au lendemain de la guerre. (…) Il y avait quelque chose à faire en partant de la vie. Puis c‘est venu peu à peu et tout à coup un jour je me suis dit : ‘’Ca y est, il faut écrire ce livre ! »

Le choix du XVII siècle vint de ce qu’il était à l’époque (en 1952) complètement oublié, sinon pour l’évoquer en mal –héritage intellectuel de la révolution française qui maintenait tous les rois de France dans les poubelles de l’Histoire. C’est ce qui l’intéressa, d’explorer un monde inconnu et de le faire revivre. Et de la proximité du château de Versailles,

Anne Golon voulait écrire la vie d’une femme normale, loin des représentations féminines- victimes ou garces antipathiques- dont était jusqu’alors encombrée la littérature; et, par elle, parler des épreuves communes à toutes les femmes depuis des millénaires, mais aussi des bonheurs terrestres tout aussi occultés.

« …... elle m’est apparue en ces premières heures où la plume à la main devant la fameuse « page blanche », quand j’eus à choisir les premiers mots, les premières phrases d’un roman historique. Elle vint sans rien me demander, sans même me regarder, ni me voir. Elle était vive ; légère et inconsciente comme une enfant de sa beauté et de sa grâce. Ce qui l’intéressait, c’était la vie... …………… Pour un bouquet de grosses fleurs jaunes cueillies aux berges humides, elle reçut son prénom. Angélique. » AG

Ma mère n'avait pas de doute quant à l'accueil du public, mais eut la prescience que, pour ce livre-là, les lecteurs seraient « innombrables ».

Le château était proche, et aussi la bibliothèque de Versailles, riche de documents historiques. C’est là que mes parents* commencèrent les recherches de documentation pour ce premier livre d’Angélique.

*(mon père–qui alors n’avait plus d’emploi comme ingénieur géologue etc- trouva intéressant de l’aider dans ses recherches historiques. Il le fit également plus tard pour le début de la série américaine. Serge Golon devint peintre en 1960.)

 

LM : En Russie et en URSS, le grand public a connu Angélique grâce aux films de Bernard Borderie au milieu des années 70, les lecteurs ont découvert le roman plus tard.

-Les livres ont été publiés en Russie à partir de 1967. Ils ont été bestseller malgré que le premier livre valait très cher. Les films sont arrivés plus tard en URSS et ont acquis une nouvelle génération de fans russes, qui sont ensuite devenus lecteurs

 

LM :  Pour tous les admirateurs de l'indomptable marquise des anges, l'image incarnée à l'écran par l'actrice et l'une des plus belles femmes du XXème siècle, Michèle Mercier, est devenue canonique et indissociable de l'image d'Angélique. Pourtant dans cette version cinématographique le personnage multiforme de l'héroïne a-t-il été bien interprété selon le point de vue de l’auteure ?

NG : -Les scénaristes et producteurs de l’époque ne voulaient pas montrer l’Angélique des livres, mais présenter une femme à leur idée : une jolie fille capricieuse, infantile, ayant besoin des hommes pour tout, puisqu’incapable de réfléchir, ni de trouver seule des solutions.

Michèle Mercier a fait ce qu’elle a pu dans ce contexte misogyne pour interpréter ce personnage et les dialogues de ces individus- qui n’avaient pas lu les livres.

« Une actrice n’est pas responsable des bêtises qu’on lui fait dire ». AG

Avec le recul, le principal est qu’un peu du personnage des livres ait tout de même assez transparu des films pour inspirer un sentiment de force et de liberté aux spectateurs de l’époque.

 

LM :  En URSS puis en Russie et dans tout l'espace postsoviétique, les films et livres sur les aventures d'une Française aux cheveux dorés sont toujours populaires. Prévoyez-vous de publier une  nouvelle version éditée des romans d’une traduction de haute qualité en russe?

NG : -Oui. Nous avons fait accord avec un éditeur pour une traduction russe de qualité de la version complète et inédite. Il est le seul à avoir les droits exclusifs en langue russe sur l’œuvre littéraire Angélique (Avis à ceux qui publient actuellement Angélique en russe, sans aucuns droits) Cette publication viendra après l’achèvement du dernier livre dont il sera le premier éditeur.

 

LM :  Et autres langues ?

NG : -Nous sommes ouverts aux propositions en d’autres langues. Mais pour l’instant il n’y en a pas.* (actuellement les seuls éditeurs officiels, hors le russe, sont en français : Les éditions de l’Archipel et Pocket en 2022)

 

LM :  Il existe actuellement 2 adaptations cinématographiques de l’œuvre sur la marquise des anges, la série de films bien connue des années 60 et le film sorti en 2013. Est-ce qu’une nouvelle version de saga est prévue, quand sortira-t-elle?

NG : -Un projet de série est actuellement en court. Mais je ne sais pas quand ce sera officiellement annoncé.

 

LM : Quelles autres bonnes surprises préparez-vous pour les lecteurs et fans d'Angélique ?

NG : - J’écris une biographie d’Anne et Serge Golon (avis aux éditeurs), et j’espère réussir à accomplir le vœu de ma mère en réalisant le dernier livre de l’histoire d’Angélique, auquel elle travaillait depuis plusieurs années.

 Propos recueillis par Liudmila Ménager